Mon bourdon
Au loin un chat-huant plane vers son nid, hululant à la nuit qui s’enfuit.
Déjà deux heures que je marche dans La solitude et la brume, l’obscurité qui m’apaise, l’odeur de la terre mouillée.
Comme s’il attendait mon passage, il est là appuyé à un saule têtard, ses pieds baignant dans l’Avre, valant toutes les eaux bénites stagnant en hypocrites rites.
Point question de nombre d’or, nous scellons l’un à l’autre notre sort.
J’allonge ma main pour m’en saisir.
Arme dérisoire ami de bois, il sera mien tout l’été sur les chemins en terre étrangère.
Demain Je graverai sur son liber, mon nom et la date du départ : quinze juin deux mille onze.
J’y marquerai au fil des jours ma sueur et mes souvenirs.
Quand je reviendrai, je l’oublierai au solier.
Et longtemps après, quand je ne serai plus, quand sera le temps de vider ma maison, il racontera notre voyage aux sourds déménageurs qui le jetteront au brasier de l’oubli.
Sur le chemin
Au bout du chemin pardi
il n’y aura pas le Paradis
Qui c’est ce que j’y trouverai
Arrivée là-bas à Compostelle
Ça en vaut-il une chandelle
Je serai seule
avec mon passé et mes projets
A prendre le chemin
De Lyon nouvelle patrie d’un fils
A l’aride Galice
Avec la mauvaise saison
Je retournerai à ma Normandie
Laissant au seuil de ma maison
Interdits par mon audace ma famille
Mes amis. Ça sera difficile
Mais là-bas seront comme moi
Mille et plus marcheurs et pèlerins
Je reviendrai avec la coquille
Au bourdon soutenant ma fatigue
Avec dans les yeux la poussière du chemin
Et le bonheur d’avoir atteint mon but
Au bout du chemin pardi
il n’y aura pas le Paradis
Qui c’est ce que j’y trouverai
Arrivée là-bas à Compostelle
Mais j’y brûlerai une chandelle
Le départ
Je marcherai des jours, des semaines, des mois
Mes compagnes seront les pierres du chemin
La pluie aussi le vent le soleil que je crains
Je vous laisse mon bon souvenir et mon toit
Je marcherai loin, droit devant à perdre haleine
Les pays dérouleront leur tapis de mousse
Les embûches, la fatigue et la grisante frousse
De vous dire mon projet il n’en vaut pas la peine
Je marcherai de refuge en belle étoile
La nature divertira ma périgrination
Une histoire entre Lui et moi sans conversions
Mes convictions m’y tiens je mets juste les voiles
Je marcherai bien longtemps mais je reviendrai
Si je ne revenais pas ce serait tant pis
Donnerai des nouvelles je ne fuis pas la Vie
Et dans mes bagages je vous emporterai